Intelligence artificielle et arts plastiques : de la création à l’enseignement
À l’heure où l’intelligence artificielle (IA) redessine les contours de la création artistique et des pratiques pédagogiques, les arts plastiques s’emparent de ces mutations. Le séminaire IAN Arts Plastiques du 22 mai 2025, en lien avec le travail collaboratif sur CodiMD, a permis de cartographier les enjeux, les outils et les démarches possibles autour de cette thématique cruciale pour l’enseignement artistique d’aujourd’hui.
1. Références artistiques et démarches exploratoires
L’IA devient un médium, une muse ou un outil critique dans les pratiques artistiques contemporaines. Parmi les artistes et collectifs mobilisant l’IA, on peut citer :
• Gregory Chatonsky : avec Espaces latents, il interroge les capacités de l’IA à générer des environnements fictifs et architecturaux, à partir de réseaux de neurones.
• Le collectif Obvious : leur Portrait de Belamy, généré par GAN, soulève la question de l’auteur et de la valeur d’une œuvre née d’un algorithme.
• Justine Emard, Emo de Medeiros, Botto, Albertine Meunier, Jason Michael Allen : ces artistes explorent les limites de la génération, de la prédiction et de la co-création entre humain et machine.
• Le festival ZERØ1 ou Carbone bleu, dans des cadres hybrides arts-sciences, croisent IA, écologie, arts sonores et installations immersives.
Ces exemples offrent un répertoire vivant pour nourrir une réflexion critique et esthétique sur les formes de la création à l’ère algorithmique.
2. Outils numériques et intelligences artificielles mobilisables en classe
Un large éventail d’outils a été partagé, testés ou évoqués durant les ateliers du séminaire. En voici une sélection utile pour l’enseignant d’arts plastiques :
Turbo.Art : générateur d’images sans compte, idéal pour des expérimentations rapides.
Mizou : outil bêta permettant de créer des agents conversationnels.
QuizWizard : outil pour générer des QCM dynamiques.
NotebookLM : transforme des PDF en documents interactifs et synthétisables par IA.
Gamma.app : génère des présentations synthétiques à partir de prompts.
Comparia : mesure l’impact écologique d’une IA.
Bubbl.us : crée des cartes mentales à partir d’images ou de mots.
Better Images of AI : banque d’images libres de droit liées à l’IA, utile pour éviter les clichés visuels et promouvoir une iconographie critique.
Ces outils permettent non seulement un gain de temps (détourage, synthèse, mind mapping), mais aussi une entrée réflexive sur les enjeux éthiques, esthétiques et techniques de l’IA.
3. Pistes pédagogiques et séquences possibles
Plusieurs projets pédagogiques exemplaires issus des TraAM ou du réseau IAN permettent d’imaginer une intégration raisonnée et créative de l’IA en classe :
● Cycle 4 : “Fake Food” (académie de Besançon)
Interroger la matérialité de l’IA et questionner les processus à l’oeuvre des IA génératives par Yann Delmas
p.p1 {margin: 0.0px 0.0px 0.0px 0.0px; font: 17.0px Helvetica; color: #bd0d68}● Cycle 3 : “Toi + Pika + IA” (Académie de Poitiers)
Un projet autour des stéréotypes culturels générés par l’IA, invitant les collégiens à réfléchir à la représentation.
• CPES-CAAP : classes préparatoires aux études supérieures-classes d’approfondissement en arts plastiques
Faire divaguer l’IA par Ronan Marec en lien avec la CPES-CAAP Valin
Ressources
Artborescence, un site collaboratif reliant artistes, oeuvres, notions, citations avec les programmes d’arts plastiques par Clément Chervier
Évaluation et IA
Utilisation d’un chatbot type “djipiti” pour aider à la mémorisation de références culturelles artistiques.
Conclusion
L’enjeu n’est pas tant d’intégrer à tout prix l’IA que d’en faire un levier critique, expérimental et poétique. Les enseignants d’arts plastiques peuvent explorer cette technologie comme outil de production, source de réflexion, acteur pédagogique. À travers des projets mêlant création, analyse, détournement, il s’agit de former les élèves à devenir des citoyens critiques, sensibles et éclairés face à l’automatisation de l’image et à l’artificiel.